Silène chante enfin les églogues cosmogoniales que naïades, arbres, faunes, pâtres et bêtes sauvages désespéraient d’entendre jamais. Il chante l’univers qui embrasse la Terre et rend possible son existence, la genèse de celle-ci, en ses formes et ses principes, la vie qu’elle vit naître en ses mers fécondes.
Il chante le manteau organique et grouillant qui couvre à présent son sol et constitue l’heureux auditoire du vieux satyre.
La démesure du projet de cette églogue est à la mesure de l’imparable limpidité de son propos : retracer sous forme de bande dessinée l’histoire de l’Univers, de l’étincelle primordiale à l’apparition de la vie sur Terre. À l’appui de sa magnifique narration visuelle, Hyacinthus convoque au fil des pages des citations philosophiques, dramaturgiques et mythologiques issues de la littérature antique.
Du « big bang » aux premiers animaux terrestres, en passant par les péripéties de la formation de notre planète, il donne à lire des extraits bilingues de Sophocle, Virgile, Lucrèce, Euripide, Ovide, Aristophane, Hésiode… Les images et les mots se complètent plutôt qu’ils ne s’illustrent. Le décalage perceptible entre deux temporalités – la vulgarisation contemporaine face à des textes vieux de plusieurs siècles – offre par sa finesse un regard nouveau et poétique sur un mystère qui n’a cessé de fasciner les hommes : l’apparition de notre monde. En confrontant ce que la connaissance scientifique actuelle nous dit de nos origines avec une vision cosmogonique venue du fond des âges, Les Cosmogoniales mènent à bien une « prise de parole antique » aussi spectaculaire que salutaire.
Hyacinthus, Les Cosmogoniales : un chant de Silène, Rue de l’échiquier, coll. « Rue de l’échiquier BD », Paris, 2019. In-16o, 185 mm × 300 mm, relié, viii-184 p., 24,90 €, ISBN : 978-2-37425-153-0 ; à paraître le jeudi 5 septembre 2019, acheter en librairie.